« J’ai l’impression d’être arrivée là par chance. C’est comme si j’avais toujours été au bon endroit au bon moment
C’est en pensant à une manager qui lui a fait confiance, en qui elle dit devoir beaucoup que tout remonte. Elle craque et ne comprend pas pourquoi. Puis, en travaillant son arbre de vie – un formidable support inspiré des Pratiques Narratives –, une autre histoire pointe… Celle par exemple d’une enfance bercée par une « valeur travail » très marquée par le syndicalisme et la lutte ouvrière.

Dans ce récit, tout s’entremêle : passé, présent, futur. Chemins professionnels et chemins de vie. Très éclairante, cette histoire alternative nous a permis de dénouer les fils. Elle a permis d’avancer sur le chemin du « Pourquoi ? ». Pourquoi, alors qu’elle a la pleine confiance de ses managers, qu’elle semble avoir fait ses preuves, qu’on lui confie la responsabilité d’une équipe, pourquoi le doute s’instille.

Syndrome ou représentation ?

« Très répandu, le syndrome de l’imposteur donne à celui qui le vit le sentiment de ne pas mériter la place qu’il occupe. Il puise ses origines dans des ego malmenés et dans la nécessité que nous éprouvons de nous comparer aux autres »1. Dans cet article paru dans un dossier plus large consacré à l’estime de soi, Maud Navarre nous fait le récit de sa propre expérience. Celle d’être arrivée à un poste de journaliste alors qu’elle estime ne pas le mériter. La crainte d’être « démasquée », peur de ne pas être à la hauteur, sentiment d’illégitimité… le syndrome de l’imposteur revêt autant de représentations qui conduisent toutes à des réactions disproportionnées pouvant aller d’un travail acharné à la procrastination en passant par le découragement ou l’épuisement.

Les psychologues qui ont étudié ce syndrome estiment qu’il toucherait 70% des personnes au moins une fois dans leur vie. Loin de ne toucher que des femmes, contrairement aux idées reçues, cette expérience d’imposture se résout de différentes manières, généralement par un travail sur soi mené seul ou avec un professionnel.

Quand l’imposteur tombe le masque

Le temps court proposé par le coaching tel que je le pratique vise une certaine « efficacité ». Non pas matérielle ni économique mais bien humaine. Une efficacité à se concentrer sur un objectif avec une perspective de changement. Une efficacité à travailler l’essentiel, à se focaliser sur ce qui fait sens pour la personne.

Si l’on revient au sentiment d’imposture décrit en introduction, la mise en perspective de l’histoire de la personne, grâce à des outils simples mais puissants, nous a donné une tout autre lecture de l’objectif à travailler. Finalement, alors qu’elle pensait travailler sur le lâcher prise avec son équipe, c’est une sorte de lâcher prise avec sa propre histoire ou le rapport qu’elle entretient avec son histoire qui émerge.

A l’issue du travail réalisé, elle dispose d’une autre grille de lecture dont elle peut choisir ce qu’elle en fait. Faire face au père tout en étant soi-même le « patron » tant décrié. Assumer qui elle est au regard de ce qu’on a fait d’elle. Désormais, elle a le choix de décider si oui ou non elle a raison de douter. Et si oui ou non son ascension professionnelle relève d’autant de chance qu’elle le dit…

 1« D’où vient le syndrome de l’imposteur ? » – Maud Navarre – Sciences Humaines Novembre 2020